Depardieu, exilé fiscal
Je suis très remonté contre Depardieu et le feuilleton ridicule dont nous avons été les spectateurs attristés depuis près d'un mois.
Personne ne conteste que Depardieu ait été un grand acteur, c'est certain. Personne n'a oublié son impressionnante carrière cinématographique commencée dans les années 60. Mais ce n'est pas le
propos ici et le fait d'avoir été un grand acteur ne lui donne pas tous les droits.
Il aurait pu vouloir renoncer à la nationalité française pour un désaccord politique. Je l'aurais compris car chacun est libre de ses idées. Mais ce n'est pas le cas. Il n'a fait aucun mystère
qu'il quittait la France pour des raisons fiscales. D'autres l'ont fait avant lui et ne s'en sont pas vantés. Lui, se croyant encore dans le rôle de Cyrano ou du chevalier de Monte Cristo (qu'il
a superbement incarnés) l'a fait d'une manière tonitruante.
Or, sa fortune, d'où la tient-il ? De son talent mais aussi des réalisateurs qui l'ont fait tourner. Et n'oublions pas combien le cinéma français doit aux aides publiques, à commencer par celles
du CNC (Centre National du Cinéma) qui étaient, en 2011, de près de 700 millions d'euros destinés au cinéma (production de films, distribution, soutien à la numérisation des films et des salles,
sous-titrage) etc.
Le constat est donc simple : la fortune de Depardieu (qui selon le Wall Street Journal) se monterait, fin 2012, à 120 millions de dollars, il ne la doit pas qu'à son talent.
Voilà pourquoi je ne suis pas d'accord avec ceux qui prennent sa défense, de Brigitte Bardot à Catherine Deneuve.
Je suis encore moins d'accord lorsque Depardieu, qui a commencé à déraper en 2007, a retourné politiquement sa veste, lui qui jusque là avait été de gauche, en soutenant Sarkozy et la réforme des
retraites. Il n'a cessé, depuis lors, de soutenir des positions indéfendables (soutien à Georges Frêche, en 2010, à Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie et dictateur notoire, en octobre
2012, soutien à Islom Karimov, son équivalent pour l'Ouzbékistan où les droits de l'homme sont aussi quotidiennement violés... Si ce n'était pas tragique quand on sait ce qui se passe pour les
droits de l'homme en Russie, on ne peut qu'éclater de rire quand on l'entend déclarer, la main sur le coeur, en janvier 2013, que Poutine est un grand démocrate !
Trop c'est trop ! Depardieu fut certes un grand acteur. Il est devenu une caricature et il n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même. Ce n'est un mystère pour personne que, depuis les années 2000,
c'est un grand alcoolique (en 2008, grave accident de moto avec 2,5 g/l dans le sang), rebelote en 2012 avec 1,8 g/l. Ces abus ont entraîné, en 2000 un quintuple pontage coronarien (au fait, à
chaque fois, notre nabab a été très content d'être pris en charge par les urgences et la Sécurité Sociale française, non ?).
Je conseille fort à M. Depardieu, que sa fortune autoriserait à aller se dorer la panse (qu'il a imposante) sur une plage des Bahamas, à aller se les geler dans les glaces de Sibérie. Il aura
toujours le loisir d'y boire quelques litres de vodka par jour pour se réchauffer.